Premier album de Clean Bandit, New Eyes demande à ses auditeurs d'adopter une nouvelle vision, ou une paire d'oreilles neuve, pour aborder son univers entre pop, electro, dance et...musique classique. La formation anglaise qui a conquis les charts du Royaume avec les titres « Mozart's House » et « Rather Be », tous deux rappelés au générique, enfonce le clou de la fusion sur treize pistes où se succèdent pas moins de douze vocalistes.
En effet, le quatuor composé de la violoncelliste Grace Chatto et de ses trois jeunes séides mâles (les frères Jack et Luke Patterson, respectivement bassiste-claviériste et batteur, plus le violoniste Milan Neill Amin-Smith) a dû recruter à chaque fois des voix différentes pour coller à l'univers hétéroclite de chansons comme « A+E » avec Kandaka Moore et Nikki Cislyn, « Dust Clears » avec Noonie Bao ou « Extraordinary » avec Shama Bass. Ces trois morceaux déjà sortis en simples témoignent de la pop adolescente et acidulée qui fait la fraîcheur de Clean Bandit, plus que de l'originalité de son concept, pas si novateur que cela.
À ceux qui évoqueraient les tentatives précédentes plus ou moins réussies, du rock progressif à Rondo Veneziano, les anciens étudiants répondent par l'efficace « Mozart's House » placé d'emblée (avec le chant convaincant de Love Ssega et un entêtant motif du Quatuor à cordes n°21) ou l'innocence et l'humour caractérisant « Up Again » (avec Rae Morris) et « New Eyes » (avec le rappeur Lizzo). Plus étonnant encore, « Come Over », avec Stylo G, fait entrer le dancehall et les steel drums dans ce bain d'electro pop orchestrale. Dans sa grande diversité, New Eyes n'est pas le synonyme d'une révolution musicale mais un agréable bijou fantaisie de saison, un album malin.