La musique méditative de Slagr pose le cadre d'un univers fantastique où les bourdonnements et mélodies simples sont associés à des textures instrumentales austères, mais magnifiques, pour provoquer chez l'auditeur un sentiment d'ouverture d'esprit infini, à même de le laisser imaginer une myriade de significations. L'orchestration en elle-même - violon Hardanger, violoncelle, vibraphone et harmonica de verre - est un bon indicateur de la portée de ce Dirr qui va de la tradition folk à la polyphonie de la Renaissance en passant par l'avant garde contemporaine. Une esthétique où l'humble héritage artisanal des airs de violon traditionnels nordiques et de la musique religieuse rencontre le minimalisme sensuel de Morton Feldman au milieu d'un paysage sonore liminaire mystérieux où ce que l'on entend est à la frontière de la conscience, comme si on était à moitié éveillé et à moitié en train de rêver : la musique est aussi absente qu'elle est présente.